Histoire de la radio à Mayotte de 1975 à nos jours

Introduction 

Notre histoire de la radio à Mayotte démarre en 1975, date à laquelle Mayotte se rattache officiellement à la France. Mayotte, en tant que territoire français, se dote de sa radio de service public dès le départ. Seule sur les ondes jusqu’à la fin des années 80, elle est ensuite concurrencée par une floraison de radios associatives ou privatives, rendue possible par la libération des ondes puis l’avènement d’internet dans les années 2000.

Nous retracerons donc l’essor de la radio de service public puis dresserons un panorama des radios associatives sur les ondes et sur le web, de leurs débuts jusqu’à nos jours.

          I-         La radio de service public : de FR3 Mayotte à Mayotte la 1ère

  • Les différents changements de noms : rapide survol

La radio de service public est présente à Mayotte dès que l’ile a choisi un destin commun avec la France, en 1975. Ses changements de noms successifs témoignent de l’évolution du paysage médiatique en Métropole. Elle est baptisée FR3 Mayotte d’après le nom de la société France région 3, qui a en charge la totalité des radios et télévisions régionales françaises.  En 1982, les activités de l’FR3 pour l’Outre-mer sont transférées à la nouvelle société de programme RFO. La radio prend alors le nom de RFO Mayotte. En 1999, nait Radio Mayotte et enfin Mayotte 1 ou Mayotte première en 2010 lors du démarrage de la TNT en Outre-mer.

  • Les débuts

En 1975, la radio s’installe en petite terre, sur la commune de Labattoire, au lieu-dit la ferme. Les premières années, le défi pour RF3 Mayotte a été de proposer des programmes adaptés à un auditoire mahorais. Progressivement, les journaux retransmis depuis France Inter sont remplacés par un rédactionnel plus simple, plus approprié, local, et traduit en mahorais.

Des émissions au plus près du terrain sont lancées, comme « Racontez-moi mon village », « Les soirées sur les contes », ou encore « des émissions médicales», «enfantines», «agricoles».

  • Vers un rayonnement à travers Mayotte

Aujourd’hui, non seulement la radio rayonne jusqu’au fin fond de la brousse, mais elle s’y implante et les villages qui n’ont pas encore reçu la visite de ces journalistes et reporters sont de plus en plus rares. C’est tout le sens, par exemple, de l’opération Radio Village, qui permet à l’équipe de la radio de délocaliser ses studios au plus près de son public.

La station de Mayotte première a la mission d’assurer la meilleure représentation possible de la vie sociale, culturelle, musicale, économique et sportive de l’île. La problématique « identité-cohésion sociale » reste une préoccupation importante à laquelle elle entend répondre en mettant l’accent sur les points suivants :

  • l’axe identitaire à travers la valorisation des langues locales ;
  • l’axe civique à travers la connaissance des institutions et une plus grande présence sur le terrain ;
  • l’axe patrimonial à travers la valorisation des traditions ;
  • l’axe informatif avec de nouveaux rendez-vous d’informations ou des émissions consacrées aux droits à la justice ou à l’économie.
  • Nouvelles technologies, nouveaux locaux

En 2019, Mayotte première quitte ses locaux historiques de Petite Terre pour emménager à Kawéni dans de nouveaux studios dotés des toutes dernières technologies. Chapeautées par France Télévision,  elle dispose entre autre de deux studios radio et de deux studios télévision, qui lui permettent d’être retransmise en direct en tant que « radio visuelle ».

Mayotte Première est également présente sur internet en tant que web radio. Bénéficiant désormais du haut débit, elle est entrée de plain-pied dans le 21ème siècle.

         II-         Les radios associatives

La libéralisation des ondes a lieu en métropole en 1981, à Mayotte à la fin des années 1980. Elle permet à des radios sous statut privé ou associatif, et non plus seulement public, d’occuper les ondes et d’émettre des programmes. Des stations associatives naissent alors un peu partout à Mayotte, souvent à l’initiative de jeunes passionnés. Les années 1990-2000 sont un âge d’or pour ces radios pionnières, qui démarrent souvent avec peu de moyens, mais trouvent auprès du public mahorais un succès d’audience considérable. Des radios comme Radio Dziani, qui fête ses 30 ans en 2017, Mayotte FM, La Voix du Nord ou encore Radio Parole, qui commença à émettre en toute illégalité, et d’autres encore, sont des radios qui ont marqué l’histoire de la diffusion musicale et d’une certaine conscience identitaire à Mayotte.

En 2011, on ne comptait pas moins de 27 radios associatives à Mayotte ou commerciales qui, avec leurs 35 fréquences, couvraient la totalité de l’archipel mahorais.

Aujourd’hui, la situation des radios associatives à Mayotte est en demi-teinte. On n’en recense plus que 19, et force est de constater qu’elles sont méconnues du public. Les porteurs de projet doivent faire face à un besoin croissant en connaissances techniques et à des contraintes réglementaires, et résister à un certain opportunisme qui nuit à l’image de ces radios.

L’authentique passionné devra mettre à profit son esprit pionnier, toujours intact, pour faire rayonner sa radio sur les ondes mahoraises.

         III-        Les webradios

Internet est l’outil idéal pour faire sortir la musique et la culture mahoraises de leur insularité et les faire rayonner à travers le monde.

La première radio à émettre sur le web a été Mayotte Web Radio, créée en 2009 par Abdillah Malidi, Dola, avec l’objectif de promouvoir la musique mahoraise à travers le monde. Cet autodidacte polyvalent n’en est pas à son coup d’essai en matière de radio. Depuis son plus jeune âge, il s’intéresse à ce moyen de communication, et endosse les casquettes d’animateur, de technicien ou de dirigeant avec cet enthousiasme indéfectible typique du passionné, doublé d’un goût pour la collaboration et le partage des connaissances.

Mayotte Web Radio diffuse des programmes musicaux rassemblant des Mahorais qui vivent un peu partout dans le monde : France, Etats-Unis, Canada, Belgique, Angleterre, La Réunion, les pays du Maghreb, l’Afrique subsaharienne, les Comores en bas débit etc.

L’expérience Mayotte Web Radio prend fin provisoirement en 2015. Elle renaît en 2020 sous le nom de Mayana FM. A ce jour, Mayana FM reste la  principale webradio musicale de Mayotte sur internet.

Conclusion

Malgré le rattachement tardif de Mayotte à la métropole, les Mahorais n’ont pas manqué de se passionner pour la radio. A eux d’être au rendez-vous pour les différents virages technologiques des décennies à venir avec notamment l’arrivée de la DAB+, le futur de la FM.

Art. FD